Projet « Mémoire des esclavages »
Le projet « Mémoire des esclavages », un souffle nouveau pour Vaucanson
Exposition « Les inventeurs noirs : mémoire des esclavages » à la médiathèque des Mureaux (Photo: G.M.)
Le professeur Gilles Milzinc, enseignant en construction mécanique au lycée professionnel Jacques-Vaucanson de la ville des Mureaux (78), revient sur l’élaboration et la portée du projet Les inventeurs noirs : mémoire des esclavages réalisé sur l’année 2014/ 2015, avec les élèves de seconde SEN (système électronique numérique) en collaboration avec la référente culture Agnès Lafleur et la médiatrice culturelle Alissa Wagner.
Dans quel contexte est né le projet ?
Gilles Milzinc : Lorsque je suis arrivé au sein de l’établissement j’ai été choqué par la mentalité générale des élèves qui avaient si peu confiance en eux et manquaient d’horizon d’avenir. Sans réelle ambition professionnelle, beaucoup d’entre eux pensent que leur seul moyen de sortie de la précarité est de devenir dealer « pour coffrer de l’agent ». Par ailleurs, ces élèves méconnaissent terriblement l’histoire de l’esclavage et ignorent les potentialités développées par les esclaves et leurs descendants. J’ai donc eu envie au travers du projet, de leur prouver qu’aujourd’hui nous devons à de nombreux inventeurs noirs de grandes avancées technologiques, afin de modifier leur représentation et leur perception de leur avenir. Les savoirs « exploités » sur l’esclavage ont permis d’ouvrir le débat et de casser les préjugés relatifs aux origines sociales des élèves du lycée.
Quelle a été la contribution de la médiatrice culturelle ?
G.M : Alissa a apporté un très grand soutien, qui a permis une vision plus élargie du projet en faisant notamment participer le Service culturel de la Ville des Mureaux. En effet, l’exposition créée par les élèves, devait être montrée uniquement au CDI du lycée. Alissa lui a donné une autre dimension en permettant qu’elle se fasse à la médiathèque des Mureaux. Elle m’a également apporté un savoir-faire et les contacts nécessaires pour faire aboutir le projet. Ainsi, elle a intégré plusieurs intervenants dont un philosophe doctorant de l’Institut du tout monde et Ghost un slameur des Mureaux. Ces ateliers ont reçu l’adhésion et la participation des élèves qui se sont pleinement investis.
Selon vous, quel bénéfice en ont retiré les élèves ?
G. M : J’ai pu voir des élèves grandis par cette expérience, le projet a été très porteur pour les plus actifs. En effet les quatre élèves moteurs du projet ont aujourd’hui quitté la filière pro pour intégrer la filière générale, et c’est une grande satisfaction pour moi. D’autant, qu’il y a très peu d’élèves qui choisissent d’eux-mêmes la filière professionnelle et que le lycée Vaucanson souffre d’une très mauvaise réputation au vu de ses résultats. Ce n’est donc pas très valorisant pour les élèves dont le mal-être en classe s’exprime en classe. Le projet a apporté un nouveau souffle, en permettant aux élèves de montrer ce dont ils étaient capables et en montrant qu’ici aussi ont fait des supers choses, que l’on peut s’en sortir ! J’ai vraiment l’impression de les avoir accompagnés vers ce décloisonnement et cette ouverture d’horizon.
Quel serait l’objectif d’un projet à venir ?
G. M : Aujourd’hui, j’ai envie de monter un nouveau projet avec une autre classe, puisque avec la Seconde SEN j’ai le sentiment que le projet est arrivé à son terme. Mon objectif serait de sortir les élèves du quartier où le lycée est situé, entouré par les immeubles. Les élèves restent ancrés dans ce quartier qu’ils ramènent au lycée.