Des lycéens au château de Versailles
Voici la retranscription d’un article paru dans le Parisien du 18 février 2019 :
Grâce à un partenariat, soixante-dix jeunes de 14 à 30 ans rencontrent notamment les maîtres doreurs et les fontainiers d’art du prestigieux monument.
Les dorures de la grille d’entrée du château de Versailles resplendissent sous le soleil éclatant. Soixante-dix jeunes des Mureaux et d’Ecquevilly sont venus ce lundi, pour une visite privilégiée du monument dans le cadre du dispositif Culture en zone de sécurité prioritaire. Imaginé par la préfecture d’Ile-de-France et le ministère de la Culture, ce programme pédagogique vise à jumeler un grand établissement culturel avec une ville aux quartiers prioritaires. Une trentaine de partenariats de ce type existent en Ile-de-France.
Après « Versailles chorégraphié », un nouveau projet intitulé « Au cœur de Versailles », vient de voir le jour pour une durée de trois ans. Objectif : faire découvrir des métiers d’art à des jeunes de 14 à 30 ans. Un budget de 180 000 € par an, entièrement financé par l’Etat, a été alloué à ce dispositif.
Certains visitent le château pour la première fois
« On espère accueillir 600 personnes par an, essentiellement des jeunes en rupture scolaire et des publics dits spécifiques, qui n’auraient pas la spontanéité ou la possibilité de venir », précise la présidente du château de Versailles, Catherine Pégard.
Pour certains, c’est l’occasion de visiter pour la première fois le château, pourtant situé à seulement une trentaine de kilomètres de chez eux. « On essaye de les familiariser avec le château pour qu’ils se l’approprient véritablement, reprend Catherine Pégard. Cela n’a pas de sens de le promouvoir sur d’autres territoires si on ne le fait pas aussi sur notre territoire. Il faut l’ouvrir à tous les publics. »
Versailles, ce lundi. Le Château de Versailles ouvre ses portes aux habitants des Mureaux et d’Ecquevilly dans le cadre du dispositif « culture en zone de sécurité prioritaire ». LP/VIRGINIE WÉBER.
Susciter des vocations
Après avoir longé la salle du Congrès, les jeunes de l’école de la deuxième chance et ceux du lycée polyvalent Jacques Vaucanson découvrent ainsi un maître doreur. Durant une heure, Jean-Pierre Galopin partage les coulisses de son métier avant que les jeunes ne mettent en pratique, sur une rose en plâtre, ce qu’ils ont découvert au côté du maître artisan. Dans l’assemblée, Houria se dit « surprise par les outils en matière d’animaux ». A ses côtés, Marie « pensait que la dorure était de la peinture, pas des feuilles d’or ».
Mais cette rencontre peut aussi être l’occasion de susciter des vocations. Dans un marché du travail en tension, l’artisan ne manque pas de commandes. « On est dans un pays où le patrimoine des arts décoratifs est très important. Du coup, il y a un potentiel de travail important, explique-t-il. Tu peux commencer par un CAP avant de continuer à développer ton savoir-faire. »
D’ici juin, les participants vont découvrir d’autres métiers au château : sculpteur, ébéniste, photographe, tailleur de pierre et fontainier.
Les jeunes des Mureaux et d’Ecquevilly âgés de 14 à 30 ans qui souhaiteraient intégrer le dispositif peuvent adresser un mail à metiersdart@mairie-lesmureaux.fr
JEAN-PIERRE GALOPIN POLIT LES FEUILLES D’OR AU CHÂTEAU DEPUIS 35 ANS
Versailles, ce lundi. Jean-Pierre Galopin a expliqué aux jeunes les spécificités de son métier de maître doreur. LP/VIRGINIE WÉBER.
A 54 ans, Jean-Pierre Galopin vit dans un rêve. Depuis 35 ans, ce maître doreur polit des feuilles d’or sur le mobilier en bois du château de Versailles, restaurant ainsi l’un des joyaux du patrimoine français.
« Mon métier consiste à prendre une pièce, de la comprendre, la maintenir et l’accompagner dans le temps. C’est une grande responsabilité. » Parmi ses compagnons d’armes, la pierre d’agate, le « chien », un pinceau en poil de sanglier et crin de cheval, et la fameuse feuille d’or de 22,5 carats.
Débarqué de sa Normandie natale avec un CAP de menuisier en poche, il a continué à se former en intégrant un CAP doreur sur bois ornemaniste. « J’étais dans un rêve, se souvient-il. J’étais à Versailles, on me parlait de feuilles d’or, c’était fascinant ». Trois décennies plus tard, l’ancien apprenti reste passionné par ce qu’il fait au quotidien, reproduisant encore des techniques vieilles de 400 ans. « Ça fait longtemps que je vois toutes ces dorures pourtant, je m’extasie toujours autant ! »